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Innombrable sourire

Du 18 au 19 septembre 2021 - Tout public

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Dans le cadre des Journées du Patrimoine.
Exposition visible les 18 et 19 septembre à la maison de garde du Korejou.

L’EXPOSITION

Cette installation textile, fruit de quatre ans de travail sur la mémoire de la mère disparue, a été finalisée lors d’une résidence d’artiste, en avril 2021, dans le phare de l’île Wrac’h. Sur la terre battue de la maison de douanier du Korejou, un rivage en lambeaux tricotés se brise sur des rochers et des pierres de laine. Les vieux pulls maternels, enroulés autour de galets, ont été caressés de laine feutrée. Sur les portraits peints autrefois par la mère elle-même artiste, la maille de laine filée au fuseau a tout recouvert ou presque, révélant ici un détail, là un sourire. « L’innombrable sourire de la mer » écrivait le poète grec Eschyle à propos des flots ridés par le vent et la houle…
Le sourire est une brèche. Il ouvre l’un à l’autre, il offre l’un à l’autre. Il est la rencontre attendue et acceptée. Le Prométhée d’Eschyle, puni par Zeus pour avoir aidé les hommes, est enchaîné sur un rocher. Il appelle la mer à tromper sa solitude. La mer devient pour lui visages. Les brèches creusées par les vagues sont comme d’innombrables bouches souriant doucement au condamné.

"Cette installation est une plongée mémorielle à la poursuite de Jeanne, ma mère. Femme-résistante, femme-soldat et femme-peintre, femme farouche et chaleureuse, elle mena une vie rebelle, âpre et passionnée, une de ces vies hors du commun qui disent pourtant ce qui fait notre commune humanité. Sa grande affaire fut une double rencontre, avec la nature, la mer notamment, et avec le sourire des autres. La mer, elle la côtoya pendant son enfance et son adolescence malouines, puis dans les contrées où elle vécut, au Vietnam, à Alger, à Madagascar, à Marseille. Un long voisinage avec la mer. Les autres, elle les peignit, abandonnant derrière elle plusieurs centaines de portraits. Les autres, souvent des inconnus, qu’elle croisait au hasard de ses marches sportives et qu’elle convainquait, d’un sourire, à poser pour elle dans son atelier. Les autres, dessinés dans les maisons de retraite où elle les assurait chaque semaine qu’ils étaient encore beaux sous leurs rides et méritaient l’attention d’une artiste. Les innombrables sourires de ses modèles d’un jour. « L’innombrable sourire de la mer ». L’innombrable sourire de ma mère."
Anne Guibert Lassalle.

L’ARTISTE

Anne Guibert-Lassalle est née en Algérie il y a 61 ans. Elle est docteure en sociologie de l’art et exerce à plein temps comme artiste plasticienne. Elle s’intéresse notamment à la laine qu’elle file, tisse, tricote et sculpte à partir de la toison de ses propres moutons. Sa production de « marbres de laine » lui permet de renouer avec son amour pour la Grèce et prend la forme d’une fiction archéologique. Depuis son atelier, sur le port de Ploumanac’h, elle prépare des installations et des expositions dans des musées et centres d’art français et étrangers.

Elle a bénéficié notamment d’expositions personnelles dans des galeries britannique et chinoise. Son travail a été présenté par l’Institut français à Madagascar. Elle a participé également à des événements internationaux comme la Triennale du musée Jean Lurçat d’Angers ou l’exposition annuelle de Côme en Italie. Certaines de ses œuvres ont été acquises par les musées d’Angers et les villes de Chieri-Turin (en Italie) et Perros-Guirec. Elle se plie régulièrement à l’exercice stimulant de la résidence artistique et a obtenu, pour cela, à plusieurs reprises, le soutien des DRAC Bretagne et Normandie.

Son site internet.

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